[ Légende ] La licorne

La licorne


Cette histoire remonte au-delà de l’apparition de Zhart et de son armée dévastatrice. On parle d’un Quendë d’âge moyen, fidèle du Panthéon, mais dont le penchant pour l’observation et l’étude des animaux faisait qu’il adorait plus particulièrement Galmaniel. Galorfindil était son prénom.

Passant la plupart de son temps au beau milieu de la Taurë, revenant à peine pour chercher de quoi se vêtir dans les cités car ce dernier aimait voyager léger, on avait l’habitude depuis des cycles de voir apparaître ce Prêtre de l’Oeil de la Forêt tous les premiers du mois ; date à laquelle il venait remplacer ses tuniques usées et rapporter ses observations sur des espèces bien connues. S’habituant de plus en plus à sa vie en Taurë, ses visites s’espacèrent sans pour autant que les marchands ne s’en inquiètent : tous savaient que le plus grand rêve de Galorfindil était de découvrir une nouvelle espèce rare et ce dernier n’hésitait pas à partir plusieurs mois durant sans donner signe de vie. Bientôt on ne le vit plus du tout…

Cette longue absence s’explique ainsi. Alors qu’il parcourait une partie de Forêt lointaine et où les Elfes ne s’étaient pas encore installés, le Nêr fit une découverte qui lui ferait atteindre le but de son existence ! En effet, dans ce lieu inconnu de la société elfique, des centaines et des centaines de chevaux étaient présents. Rien d’extraordinaire en soi, cependant, dans ce lieu que les Elfes ne pouvaient protéger des dangers qui menaçaient la Nature, on raconte que Galmaniel, soucieuse de protéger la faune et la flore de l’endroit créa une créature fantastique : la licorne. Certes banal au premier coup d’œil, cet animal aux caractéristiques équestres possédait toutefois une particularité. Celui-ci avait, au milieu de son front, une corne fixée et pointue. Grâce à cet andouiller, la créature pouvait défendre les siens contre d’éventuels prédateurs.

Emerveillé par sa découverte, Galorfindil oublia de rentrer et ne passa guère moins de cinquante cycles à décrire, étudier, examiner la bête et son troupeau qui n’étaient pas gêné de la présence d’un elfe. Apprenant chaque habitude, chaque talent et chaque caractéristique de ce cheval à corne, de cette licorne, l’Olwä établit la plus belle description d’un animal qu’il n’eut jamais produite.
Une fois le rapport conclut, Galorfindil reprit le chemin du retour, sur lequel il passa plus d’une semaine avant d’apercevoir la première cité qui n’avait presque pas changé depuis son départ, la Stase étant. Empressé de montrer son œuvre, le Prêtre ne prit même pas la peine de se reposer et fila promptement au Temple de Galmaniel, chantant sa joie à tout va.

Impressionné par la qualité du travail et par l’animal en lui-même, le Culte prit la décision de retrouver l’endroit où se nichait cette licorne. Une expédition fut donc montée et partit à sa recherche, Galorfindil à la tête. Des jours, des semaines, des mois s’écoulèrent, mais rien n’y faisait, Galorfindil était dans l’impossibilité de se rappeler le lieu où il avait passé tant de temps…
Un beau jour, alors que les Quendi pensaient de plus en plus sérieusement à rentrer chez eux, Galorfindil retrouva le lieu de sa découverte. Cependant, aucun cheval ne semblait y avoir vécu à quelque époque que ce soit… Seul un lac animait cette forêt on ne pouvait plus sauvage. Un lac qui, la nuit venue, permettait de voir la Lune d’une manière exceptionnelle et unique, mais sans plus.

Galorfindil, abattu par cet échec, n’entreprit plus de long voyage et reprit l’étude de son environnement proche dans lequel il fit le récit de tant et tant de merveilles, plus belles encore que cette mystérieuse licorne.

La découverte incertaine de la Licorne devint un souvenir et le souvenir devint une légende.

Aujourd’hui, on raconte que Galorfindil, dévoré par son envie de trouver une nouvelle race créée par Galmaniel, s’assoupit au bord d’un lac offrant une vue magnifique de la Lune et rêva d’un cheval, nanti d’une corne sur son front, affrontant une horde de loup qu’il mit en déroute grâce à ses coups violents et ses ruades.

La légende fut à l’origine de deux choses.
La première est ce rêve, dit inspiré de Shadaliel, et l’appellation qui en découle d’une partie de la Garde d’Orodreth du temps des clans où la Tradition Shadaelith était omniprésente.
La seconde a un aspect plus moralisateur. Durant son voyage faramineux, Galorfindil a perdu des cycles entiers durant lesquels il aurait pu servir son Peuple de façon quotidienne et régulière et vivre son rêve de gloire personnelle pendant la nuit. Cette histoire apprend donc aux jeunes Quendi qu’il n’est pas nécessaire de perdre son temps à voyager car les choses les plus belles sont à portée de main et qu’au lieu de penser à être glorifié, il faut mieux servir humblement son Peuple et laisser son orgueil aux songes…